• Oreillard gris
    Plecotus austriacus Fischer, 1829
Oreillard gris en vol © Y. Peyrard

Quelques données chiffrées

Nombre total de données et types de contacts



Nombre total de gîtes et périodes d'occupation


Première mention en Rhône-Alpes

La première mention de l’espèce en Rhône-Alpes est constituée d’un individu mort trouvé par Charles Faugier à Belley le 1er janvier 1954 (Ain).

Distribution actuelle

État des connaissances sur la répartition de l'oreillard gris

L’oreillard gris est uniquement présent en Europe de l’ouest. Son aire de répartition atteint la Roumanie à l’est, la Sicile au sud et la Pologne au nord.

En France, elle est présente sur tout le territoire mais sa répartition fine est encore assez mal connue.

L’oreillard gris est présent dans les huit départements de Rhône-Alpes. Cette répartition à large échelle masque des disparités. En effet, l’espèce est principalement présente dans la partie méridionale de la région et dans la vallée du Rhône. Elle est peu mentionnée en zone de montagne. Dans certains massifs plus septentrionaux, notamment la Tarentaise, elle a sans doute été confondue durant de nombreuses années avec l’oreillard montagnard, espèce définitivement décrite en 2001 seulement.

Fréquent dans les paysages plus ou moins fortement anthropisés et assez courant en paysage bocager à basse altitude, l’oreillard gris est plutôt une espèce de plaine. La majorité des données (85 %) a été collectée à des altitudes inférieures à 750 mètres. Il en est de même pour les gîtes de reproduction (80 %) et pour l’ensemble des gîtes connus (87 %). On notera cependant la présence de colonies de parturition à moyenne altitude comme à Belleydoux (Ain – 850 mètres), Saint-Andéol-de-Fourchades (Ardèche – 1030 mètres) ou Lus-la-Croix-Haute (Drôme – 1060 mètres).

Oreillard gris

Evolution des connaissances et des effectifs en Rhône-Alpes

Le nombre de citations n’a de cesse d’augmenter en région Rhône Alpes. Ceci va de pair avec l’augmentation du nombre d’observateurs actifs au sein du Groupe Chiroptères Rhône-Alpes et des recherches plus approfondies menées dans des secteurs favorables.

Globalement, moins d’une dizaine de données était en moyenne collectée annuellement jusqu’en 1994. Cette valeur a sensiblement augmenté jusqu’en 2008 (20 par an en moyenne) pour atteindre plus de soixante mentions par an entre 2009 et 2012.

Une part importante des données est collectée grâce à la capture au filet. L’évolution de la technique d’identification acoustique a peu profité à ce groupe contrairement à d’autres espèces, du fait des difficultés de différenciation entre les espèces d’oreillards. L’identification à vue au gîte n’est pas non plus chose aisée. De ce fait, une part importante des données reste imprécise et conduit à la mention « oreillard indéterminé ».

En Rhône-Alpes, l’espèce ayant été peu étudiée spécifiquement, le nombre de colonies de reproduction connues est faible (n=24).

En conséquence, mais aussi en raison de l’absence de suivis de longue date, l’évaluation de la taille de la population régionale et son évolution sont impossibles. De part leur aptitude à se dissimuler dans leur gîte, il est même souvent délicat d’être très précis dans les comptages. Néanmoins, les effectifs des colonies connues semblent assez stables lorsque celles-ci ne sont pas sujettes au dérangement.

Acquisition des données en Rhône-Alpes

Les données collectées se répartissent de manière très inégale et trois départements rassemblent près des deux tiers de celles-ci : 27 % pour l’Ardèche, 22 % pour la Drôme et 14 % pour l’Ain.

On note cependant une augmentation très significative des mentions qui précisent sa répartition puisque, avant 2001, l’espèce n’était citée que sur 82 mailles de la région alors qu’en l’état actuel ce nombre atteint 213 soit une couverture régionale de 41 %.

Les observations au gîte, malgré les limites d’identification, représentent un peu plus de 40 % des données et la capture au filet en fournit 39,5 %. Comme précisé précédemment, les données acoustiques restent marginales (10 %) du fait de la difficulté à distinguer les espèces d’oreillards entre elles. 80 % des captures d’oreillards gris (n=269) sont réalisés en dessous de 750 mètres d’altitude. Une femelle capturée à 1540 mètres (Chartreuse) constitue la limite altitudinale connue de l’espèce en Rhône-Alpes.

On mentionnera encore que la base de données compte 1797 observations d’oreillards indéterminés, dont 48,6 % concernent des individus observés au gîte et près de 40 % au détecteur d’ultrasons.

Par sa propension à s’installer en milieu bâti et notamment dans les combles des églises, l’oreillard gris fait partie des espèces qui ont été fréquemment observées lors des campagnes de prospection des bâtiments publics (Savoie, Ain, Ardèche).

Phénologie d’observation en Rhône-Alpes

Oreillard gris au gîte

Toutes méthodologies confondues, c’est la période estivale qui fournit le plus grand nombre de données avec 358 observations soit près de 54 % de l’ensemble du lot. Le transit automnal vient en second avec environ 28 % des mentions alors que les données hivernales (9 %) et printanières (8,5 %) sont plutôt marginales. Ce déficit s’explique notamment par une pression de prospection plus faible mais également du fait de la difficulté de détermination spécifique de l’espèce à vue (à titre d’exemple, 484 fiches d’oreillards indéterminés sont rapportées en période hivernale contre 60 pour l’oreillard gris).

Le département de l’Ardèche fait figure d’exception avec des contacts relativement réguliers tout au long de l’année (n=177). Les données hivernales représentent un peu plus de 10 % des données départementales, le transit automnal près de 29 %, le transit printanier 16 % et la période estivale 44 %.

En Rhône-Alpes, les premiers jeunes volants ont été notés à partir de la deuxième quinzaine du mois de juillet. Des mises-bas précoces ont cependant été observées dès le 15 mai dans la Drôme.

Gîtes utilisés par l’espèce en Rhône-Alpes

Oreillard gris en gîte d'hiver

L’oreillard gris est une espèce résistante au froid qui peut hiberner dans les combles des bâtiments non-chauffés (Arthur & Lemaire, 2009), les entrées de cavités, les fissures de falaises. Les observations rhônalpines en période hivernale ont exclusivement lieu en milieu souterrain (naturel ou artificiel) ; mais ce sont aussi les principaux milieux prospectés en hiver dans la région. Généralement, ces mentions concernent des individus isolés.

En période de reproduction, l’oreillard gris est nettement anthropophile, ses gîtes connus sont essentiellement localisés dans les combles des bâtiments (églises, granges…). Les animaux s’installent fréquemment dans les interstices des charpentes (voliges, mortaises etc). Les femelles montrent une forte fidélité à leurs gîtes.

Sur l’ensemble de la région, dix colonies de parturition étaient connues avant 2001. Ce chiffre est de 17 pour la période 2001–2012 (14 nouveaux gîtes de parturition). Ces colonies sont toutes installées en milieu bâti à l’exception de l’une d’entre elle, localisée dans un pont. La plus importante se situe en Savoie sur la commune de Serrières-en-Chautagne (250 mètres d’altitude) où 59 femelles et jeunes ont été observés dans un bâtiment en août 2000.

À l’heure actuelle, seuls 200 oreillards gris sont connus sur les colonies de parturition. Ceci s’explique principalement par la difficulté à détecter les oreillards dans les gîtes.

Les gîtes utilisés en période de transit concernent les milieux bâtis (combles, caves…), rupestres ou souterrains.

L’espèce n’est pas connue pour avoir un comportement migrateur.

Habitats exploités en phase d’activité en Rhône-Alpes

Peu d’éléments précis sont disponibles sur les habitats utilisés par l’oreillard gris en activité. Aucune étude de suivi télémétrique n’a pour l’instant été réalisée sur cette espèce en région Rhône-Alpes.

Les contacts avec l’oreillard gris par capture au filet ou au détecteur d’ultrasons permettent cependant de se faire une idée des milieux fréquentés. Son comportement s’avère moins forestier que son cousin l’oreillard roux, mais il est néanmoins très régulièrement observé en allée forestière ou en ripisylve. Il montre une préférence pour des habitats plus ouverts : prairies avec arbres isolés, friches, parcs, jardins ou encore vergers. Il semble apprécier les paysages en mosaïque et exploite largement les haies et les lisières.

L’oreillard gris chasse jusqu’à l’étage montagnard où il semble assez commun dans certains secteurs (Vivarais, monts du Forez) mais il s’agit avant tout d’une espèce des milieux collinéens et de plaine.

L’espèce est plutôt sédentaire, les terrains de chasse sont localisés dans un rayon de deux à trois kilomètres autour du gîte (Arthur & Lemaire, 2009).

Dès la fin de l’été et dans le courant de l’automne, cette espèce est régulièrement capturée en entrée de cavité. Les effectifs observés ne sont cependant jamais importants (au maximum dix individus), et le sex-ratio est en faveur des mâles. Est-ce là une manifestation diffuse du phénomène de swarming ? Dans tous les cas, ces observations correspondent seulement pour partie aux définitions proposées pour l’essaimage.

Menaces pesant sur l’espèce en Rhône-Alpes

Parmi les principales menaces, l’arrachage des haies et la dégradation des milieux naturels en général ont sans doute un très fort impact sur l’espèce ; d’autant plus que celle-ci possède un domaine vital peu étendu. Par conséquent, les pratiques agricoles intensives et la banalisation des milieux nuisent au maintien des populations.

La fermeture des clochers (protection contre les pigeons) a privé l’espèce de nombreux gîtes utilisés ou potentiels. Le réaménagement des combles, le traitement des charpentes et le dérangement humain ont également un fort impact.

Bien que peu d’études n’aient été réalisées sur le sujet, les collisions avec les véhicules pourraient également constituer une menace importante.

Protection de l’espèce en Rhône-Alpes

Aucune mesure spécifique de protection (ni pour les gîtes, ni pour les terrains de chasse) n’a pour l’instant été mise en place en Rhône-Alpes en faveur de cette espèce. L’existence de réseaux d’espaces protégés lui assure, à la marge et localement, un minimum de conservation.

Les bonnes pratiques de gestion en milieu forestier peuvent assurer une ressource favorable en termes d’habitats. D’une manière générale, les mesures visant à améliorer ou restaurer la qualité des milieux et la ressource en nourriture peuvent lui être favorables.

Colonie d'oreillards gris © L.Arthur

Lacunes identifiées et actions à engager

Globalement, peu d’informations sont disponibles sur l’espèce en Rhône Alpes. Un effort serait à fournir afin de compléter les connaissances sur son écologie (effectifs, sympatrie avec les autres espèces d’oreillards…).

La recherche et l’étude spécifique des colonies d’oreillard gris pourraient permettre de mieux cerner sa répartition en région mais également de préciser son statut sur la liste rouge régionale.

En ce qui concerne la conservation de l’espèce, le développement du réseau de « Refuges pour les chauves-souris » est une première étape visant à pérenniser ses gîtes. En outre, c’est un outil de sensibilisation pour aborder de manière générale la question de la prise en compte des Chiroptères dans les bâtiments.