Quelques données chiffrées
Nombre total de données et types de contacts
Nombre total de gîtes et périodes d'occupation
Première mention en Rhône-Alpes
Un individu bagué en Suisse par Villy Aellen, le 6 décembre 1958 à Grenolier (Vaud-CH), est récupéré mort le 15 mai 1959 sur la commune d’Yvoire en Haute-Savoie (Source : M. Pachoud)
Distribution actuelle
Espèce eurasiatique, la noctule commune est présente sur toute l’Europe, du Nord de l’Espagne jusqu’en Sibérie occidentale et en Chine.
En Rhône-Alpes, cette espèce est présente sur les huit départements, préférentiellement dans les secteurs de plaine et collines. La partie la plus méridionale de la région (sud de la Drôme et de l’Ardèche) fait la transition entre la présence fréquente de l’espèce et sa moindre représentation dans le sud de la France.
Environ trois quarts des contacts sont réalisés en dessous de 500 mètres d’altitude. En effet, les terrains de chasse privilégiés de la noctule commune sont les grandes vallées alluviales. Cependant, l’espèce est régulièrement contactée entre 500 et 1000 mètres et plus occasionnellement jusqu’à 2000 mètres.
Evolution des connaissances et des effectifs en Rhône-Alpes
Rarement contactée au gîte du fait de ses mœurs principalement arboricoles, la noctule commune demeure très mal connue avant 1998 avec pas plus de quatre citations par an. À cette période, les détecteurs d’ultrasons ne sont pas encore démocratisés et l’espèce est aussi rarement observée au gîte que capturée dans les filets.
Malgré tout, la pression de capture plus importante à partir de 1998 tend à faire augmenter le nombre de citations de l’espèce. En effet, la propension des chiroptérologues à disposer leurs filets sur les cours d’eau permet des captures régulières de l’espèce même si elle se laisse prendre plus rarement que d’autres espèces.
Mais ce n’est vraiment qu’avec l’essor des techniques acoustiques que les citations augmentent significativement à partir de 2005 pour représenter aujourd’hui les trois quarts des données. Comme pour d’autres espèces de haut vol, la longue portée de ses cris facilite les contacts au détecteur. Cette augmentation de la pression d’observation devrait permettre de préciser sa répartition dans les prochaines années.
Pour l’heure, les quelques 500 citations répertoriées sur la région ne permettent pas d’évaluer les effectifs régionaux. Le peu de gîtes connus, tant estivaux qu’hivernaux, ainsi que le caractère migrateur de l’espèce rendent impossible toute estimation des effectifs.
L’espèce est toutefois régulière et semble bien présente à basse altitude dans la plaine du Forez, en Dombes, dans le Lyonnais, le nord Isère et le pays de Gex.
Quelques comptages en sortie de gîte arboricole montrent que les groupes peuvent être assez importants avec, par exemple, une colonie de mâles de 50 individus à Mirabel-et-Blacons (Drôme). De même, une colonie de femelles gestantes rassemblait 18 individus en juin 2011 dans la Loire.
Compte tenu du cruel manque de connaissances historiques et actuelles, que ce soit sur sa biologie ou sa répartition en Rhône-Alpes, il est impossible d’évaluer les tendances d’évolution des populations de noctules communes.
Acquisition des données en Rhône-Alpes
La répartition des citations par département montre certaines disparités qu’il est intéressant de commenter. Les départements de l’Ain, de la Drôme, de l’Isère et du Rhône se démarquent en concentrant 67 % du total des citations. Ceci met davantage en exergue les différences de pression d’observation acoustique entre départements qu’une réelle tendance de répartition. Pour autant, on notera qu’en Drôme, département où la pression d’observation est importante, seulement 40 % des données sont le fait de contacts au détecteur contre près de 74 % à l’échelle régionale. Bien que très prospectés, les secteurs les plus méridionaux et montagnards de ce département enregistrent moins de contacts acoustiques en raison d’une très probable moindre abondance. Le très faible nombre de citations en Ardèche (à peine 5 % du total régional) corrobore cette hypothèse, d’autant plus que ce sont là encore surtout les secteurs méridionaux qui sont les mieux connus. Les départements savoyards et de la Loire ne bénéficient pas de prospections suffisantes et s’il est probable que dans la Loire l’espèce soit largement répandue et abondante, cela n’est pas aussi évident pour les secteurs alpins.
L’évolution des méthodes de recherche a bien entendu permis un gain considérable de connaissances sur la distribution régionale de l’espèce.
À l’échelle de la région, les prospections menées sur les secteurs les moins connus ont permis de faire progresser la connaissance de la distribution effective de l’espèce. Avant 2001, 45 mailles était connues pour accueillir l’espèce contre 177 aujourd’hui. On note alors un gain de 132 mailles, ce qui permet d’atteindre une couverture régionale relative de 37,2 %. La Loire, l’Isère et le Rhône présentent les progressions les plus importantes, mais c’est globalement sur l’ensemble de la région que sa distribution s’affine.
Phénologie d’observation en Rhône-Alpes
La noctule commune est considérée comme une espèce réellement migratrice, même si une partie des populations européennes a une tendance sédentaire (Arthur & Lemaire, 2009). La migration ne concerne cependant que les femelles, ces dernières hivernant dans la partie sud de l’Europe et partant se reproduire en Russie et dans les pays baltes.
En Rhône-Alpes, nous disposons d’une mention d’un individu bagué en Bavière retrouvé dans un groupe de 160 individus dans l’Ain en 1988. Les étangs dombistes étant des sites de chasse privilégiés pour cette espèce, il ne serait pas étonnant de trouver de nouveau des groupes de cette importance en transit automnal.
La proportion entre la population migratrice et la population sédentaire dans la région est encore impossible à estimer. Nous savons toutefois que l’espèce se reproduit en Rhône-Alpes au moins dans le nord de la région, indiquant qu’une partie de la population est certainement sédentaire. Une autre partie de la population sédentaire est constituée de mâles comme le montre la colonie drômoise et l’analyse des données de capture. En effet, sur les 59 individus capturés depuis 2000, plus de 75 % sont des mâles et 11 des 14 femelles capturées l’ont été à partir du mois d’août. Sans certitude, cela confirme toutefois le schéma d’une population sédentaire composée principalement de mâles et d’une population migratrice composée de femelles et de jeunes venant du nord et de l’est de l’Europe pour hiverner et s’accoupler avec les mâles sédentaires présents en Rhône-Alpes. Quelques colonies de femelles estivantes sont néanmoins installées dans les secteurs les plus favorables de la région.
Le comportement d’essaimage n’a pas été formellement observé dans la région mais il pourrait avoir lieu notamment dans certaines cavités du massif du Vercors présentant de vastes porches d’entrée. En effet, à plusieurs reprises, une quinzaine de noctules, en majorité des mâles aux gonades gonflées, ont été capturées entre les mois d’août et septembre. L’espèce est réputée s’accoupler dans des cavités arboricoles, qui semblent plus adéquates, et dans lesquelles les mâles constituent un harem bruyant de quatre à dix femelles. Des investigations plus poussées sur les sites connus pour héberger l’espèce en automne permettront probablement de préciser ce comportement.
Gîtes utilisés par l’espèce en Rhône-Alpes
Les informations relatives aux gîtes de l’espèce dans la région sont peu nombreuses puisqu’on en dénombre seulement 25.
Les observations au gîte se répartissent pour 30 % en période de transit automnal, 39 % en période hivernale, 30 % en période estivale et 26 % en transit printanier. Cette répartition reste peu significative devant le faible nombre de données mais la part importante de mentions hivernales demeure toutefois intéressante. Elle illustre bien le manque de connaissance des gîtes de cette espèce sur la période estivale et automnale.
Conformément à ce qui est connu dans la littérature, trois grands types de gîtes sont cités pour être utilisés par l’espèce. Les gîtes arboricoles (dont gîtes artificiels) pour 17 %, les gîtes dans le bâti pour 35 % et les gîtes hypogés pour 30 %. Enfin, l’espèce n’étant pas connue pour apprécier ce type de gîte, signalons cette mention particulière d’un individu observé en Ardèche en 1997 hivernant dans une fissure de paroi rocheuse au sein d’un groupe de pipistrelles.
Les sept gîtes hypogés où l’espèce a été signalée sont exclusivement des cavités naturelles où les individus étaient encastrés, ou derrière une écaille d’un porche d’entrée. Les mentions dans le bâti concernent des individus derrière un volet, un conduit de cheminée et des individus trouvés morts ou affaiblis près de maisons. La noctule commune est connue pour s’installer sous les toitures, bardages et entre les cloisons ; ainsi que dans les bâtiments modernes (corniches, murs banchés). En Rhône-Alpes, ces types de gîtes doivent probablement être plus courants que ne le laissent penser les quelques observations recueillies. Des bâtiments modernes et des ouvrages d’art des grandes agglomérations doivent probablement abriter quelques groupes. Les contacts de l’espèce y sont en effet fréquents (comme par exemple à Lyon). Par ailleurs, aucune mention certaine n’est signalée dans les ouvrages d’arts. Une série de citations de noctules indéterminées sous des ponts ferroviaires drômois pourrait bien cacher quelques noctules communes mais cela nécessite confirmation.
Une quinzaine de mentions se rapportent à des gîtes arboricoles sur moins de cinq sites. Le platane, essence reine pour ses cavités, est naturellement l’arbre le plus cité. Pour compléter ces informations sur les gîtes arboricoles, signalons quelques mentions se rapportant à des individus dans des gîtes artificiels à chauves-souris en Savoie et dans le Rhône.
La grande majorité des données en période estivale concerne les gîtes arboricoles où la noctule commune peut être repérée aux puissants cris sociaux audibles par l’oreille humaine et qui sont émis avant l’envol crépusculaire. C’est aussi à cette période qu’est utilisée la technique de recherche par télémétrie, efficace pour la localisation des gîtes arboricoles. L’un de ces gîtes est situé dans un parc arboré d’une propriété bourgeoise au bord de la rivière Drôme. Il s’agit d’une colonie de mâles qui occupe plusieurs cavités des platanes du parc où un minimum de 50 individus a pu être dénombré en sortie de gîte en août 2011. Une femelle allaitante équipée au nord de Feurs (Loire) en bord de Loire a quant à elle permis de découvrir une colonie de femelles gestantes localisée également dans un platane d’une allée d’une demeure bourgeoise. Le gîte était éloigné de 300 mètres du lieu de capture ! L’effectif dénombré en sortie de gîte réalisé en juin 2011 a atteint le chiffre honorable de 18 individus. Quelques semaines plus tard, le gîte était inoccupé et elles ne semblaient pas être dans un autre platane de l’allée.
Des colonies de reproduction pourraient bien se trouver en milieu bâti comme le montre cette observation d’un juvénile trouvé mort en juillet 1998 en Savoie près d’une maison. Deux autres mentions d’individus isolés derrière un volet ou piégés dans une cheminée démontrent l’occupation du milieu bâti à cette période.
En période de transit, les noctules communes sont principalement observées dans les cavités arboricoles et les gîtes artificiels avec des effectifs pouvant atteindre une vingtaine d’individus. Il est probable qu’à cette période, notre région voie affluer des populations migratrices, particulièrement en transit automnal. Même si nous ne disposons pas de données de suivi de gîtes suffisantes, certains d’entre eux doivent donc être occupés uniquement à cette période. Dans le centre-ville de Villeurbanne, un observateur rapporte l’occupation de cavités dans des platanes repéré pour la première fois en septembre 2009 avec une dizaine d’individus. Jusqu’à une vingtaine seront observés en avril 2010. De juin à juillet de cette même année, quelques individus occupaient toujours les arbres. Il est possible ici que ce groupe d’arbres soit utilisé comme site d’hibernation.
Nous disposons aussi de quelques mentions dans le bâti comme ces quatre individus dans le creux d’un mœllon d’une maison en construction signalés en Haute-Savoie en septembre 1971 !
Une unique mention dans le milieu souterrain en période de transit se rapporte à un individu observé à la fin août 2007 dans une grotte du nord Isère. C’est d’ailleurs cette même grotte qui comptabilise le plus de mentions en gîte hypogé avec quatre citations dont trois hivernales. Cela demeure certes bien peu pour un site suivi chaque hiver depuis de nombreuses années, mais on notera un effectif remarquable de six individus en février 1998.
En période hivernale, l’essentiel des mentions provient des comptages en milieu souterrain. Au total, l’espèce est citée en hiver dans six cavités naturelles des départements de l’Isère, de l’Ain, de l’Ardèche et de la Savoie. Toutes ces cavités ont leur entrée à moins de 600 mètres d’altitude, à l’exception de la mention savoyarde dont la grotte se trouve à 1130 mètres. Enfin, une citation de 1988 rapporte un groupe de 160 individus observés en décembre dans un bâtiment en Dombes mais sans que l’on sache s’il s’agissait d’une occupation ponctuelle ou régulière du site.
Le très faible nombre d’observations en gîte hypogé laisse évidemment supposer que les populations hivernantes passent l’hiver dans les arbres, voire en milieu bâti. Comme pour toutes les espèces gîtant l’hiver dans les cavités arboricoles, les noctules communes sont plus exposées aux froids intenses lors d’hivers rigoureux. Lors du pic de froid de février 2012 il a été enregistré une recrudescence des SOS chauves-souris dont l’un d’entre eux a concerné une noctule commune dans la Drôme. À ce titre, il serait intéressant de savoir si les arbres à cavités ou les bâtiments en milieu urbain sont plus fréquentés en hiver qu’à d’autres saisons. L’effet microclimatique d’un centre ville peut en effet faire rapidement gagner quelques précieux degrés.
Rassemblement de mâles
La noctule commune est régulièrement contactée le long de la vallée de la Drôme aux environs de Crest, toutefois aucun gîte n’avait pu être mis en évidence jusqu’à l’été 2010. Un chiroptérologue de passage au camping de Mirabel-et-Blacons nous signale de nombreux cris audibles dans le parc arboré d’une demeure bourgeoise et nous transmet des séquences enregistrées qui sans aucun doute nous permirent de confirmer la noctule commune. Peu de temps après nous décidons de faire une capture au filet sur un petit étang situé dans la propriété concernée. Nous ne fûmes pas déçus de notre soirée puisque 22 mâles de noctules se retrouvaient rapidement dans nos filets… De toute évidence les animaux étaient tout près de leurs gîtes. Une inspection des arbres les jours suivants nous permit de localiser plusieurs arbres-gîtes et de compter un minimum de 50 individus. Le mystère demeure encore quant à la présence de femelles dans cette colonie…
Habitats exploités en phase d’activité en Rhône-Alpes
N’ayant fait l’objet d’aucun suivi télémétrique sur les territoires de chasse, les données permettant de mettre en évidence les habitats de chasse préférentiels de la noctule commune sont issues des séances de capture et de détection acoustique.
Il est tout d’abord marquant que près de 80 % des captures soient réalisées à moins de 500 mètres d’altitude alors que la pression de capture globale est portée à 54 % sur cette tranche altitudinale. Cet écart est presque identique si l’on considère le nombre total de données en activité nocturne par tranche altitudinale avec 74 % des contacts à moins de 500 mètres pour un effort nocturne global de 55 %. La noctule commune semblerait donc plus abondante aux plus basses altitudes mais sans être omniprésente dans tous les milieux de plaine. Tout en considérant le biais d’observations amenant préférentiellement le chiroptérologue aux bords des cours d’eau et des grandes pièces d’eau, l’espèce présente des abondances et des occurrences bien plus importantes dans ce type de milieux. On la retrouve en chasse jusqu’en pleine ville à la faveur des grands cours d’eau comme le Rhône et la Saône à Lyon. Elle n’exploite pas pour autant l’ensemble des milieux urbains ou périurbains. Une étude acoustique menée entre 2010 et 2012 sur 130 points d’écoutes dans l’agglomération lyonnaise montre par exemple qu’elle est légèrement moins abondante que la noctule de Leisler puisqu’elle est contactée sur moins de 5 % des points contre 7 % pour cette dernière. Plusieurs captures estivales de mâles des deux espèces sur les coulées vertes urbaines et périurbaines de l’ouest de Lyon montrent que ces espaces boisés linéaires sont utilisés pour la chasse et le transit.
Les régions d’étangs et les grandes plaines alluviales (Forez, Val de Saône…) accueillent probablement de belles populations. Dans ces milieux, on peut l’observer en chasse à la tombée de la nuit au-dessus des ripisylves. La noctule commune s’aventure aussi dans les collines et petites montagnes mais ne se retrouve généralement en activité de chasse qu’aux bords des grandes retenues collinaires de loisirs ou à usage agricole ainsi que des fonds de vallons. Les forêts et boisements de plaine sont sans doute bien exploités. Les quelques captures en allées forestières laissent entrevoir qu’elle s’aventure en sous-bois dans les peuplements anciens ou bien dégagés.
Menaces pesant sur l’espèce en Rhône-Alpes
Compte tenu des principaux gîtes connus, à savoir les cavités arboricoles et en milieu bâti, on distinguera deux types de menaces relatives aux gîtes :
- celles liées à la rénovation ou l’entretien de bâtiments ou maisons individuelles, sachant que d’importants groupes de plusieurs centaines d’individus peuvent y être rassemblés ;
- celles liées à la problématique arboricole avec d’une part des impacts probablement provoqués par la gestion productiviste des forêts, et d’autre part les menaces pesant sur les arbres d’alignement et parcs arborés. En effet, en Rhône-Alpes où les platanes sont nombreux, ce n’est pas tant l’élagage et les coupes de sécurité qui posent problème aujourd’hui, mais plutôt le développement du chancre coloré. Ce champignon très contagieux qui s’attaque aux racines des platanes conduit à des coupes systématiques pour enrayer la contamination des arbres voisins. Connaissant l’attractivité pour l’espèce des gîtes offerts par cette essence, sa disparition programmée lui posera certainement des problèmes, au moins localement, ainsi qu’à tout le cortège de la faune cavicole.
Cette espèce de haut vol, migratrice de surcroît, est régulièrement impactée par les parcs éoliens. Les modestes suivis de mortalité réalisés jusqu’alors en Rhône-Alpes ont permis de constater la mort de deux individus (Cornut & Vincent, 2011). Le choix des sites d’implantation des parcs nécessite d’être apprécié de manière fine, et leur fonctionnement envisagé avec la possibilité de modulation aux périodes les plus dangereuses pour réduire au minimum les impacts avérés de cette industrie sur cette espèce.
Une espèce migratrice
Le statut de migratrice est connu pour cette espèce (Arthur & Lemaire, 2009). Peu d’informations sont néanmoins disponibles en Rhône-Alpes à ce propos. Quelques contrôles de bagues permettent néanmoins de mettre en évidence les déplacements saisonniers de la noctule commune. Un individu bagué en Bavière durant l’été 1988 (Allemagne) a été retrouvé en hivernage dans l’isolation d’un immeuble en décembre de la même année sur la commune de Méximieux (Ain), soit un déplacement minimal de plus de 400 kilomètres.
Protection de l'espèce en Rhône-Alpes
Aucun gîte connu n’est spécifiquement protégé pour la noctule commune. Des gîtes bénéficient toutefois de mesures de protection indirectes par l’intermédiaire des dispositifs réglementaires sur certains habitats.
Ainsi, les arrêtés de protection de biotopes et les réserves naturelles sur les milieux alluviaux du fleuve Rhône et de certains ses affluents (Drôme, Ain) préservent indirectement des habitats de chasse de premier ordre ainsi que des arbres-gîtes potentiels. Le réseau Natura 2000 en Rhône-Alpes joue un rôle prépondérant dans la préservation des habitats de chasse de la noctule commune. Les périmètres désignés de plaine comme les étangs foreziens et dombistes ou encore l’Isle Crémieu, les vallées alluviales et plaine inondable de la Saône, de la basse vallée de l’Ain, du Haut-Rhône forment un réseau bénéficiant d’une certaine protection. N’étant pas inscrite sur les listes d’espèces d’intérêt communautaire, peu de mesures spécifiques à la noctule commune ont été mises en place.
Enfin, signalons d’autres mesures de protections indirectes des gîtes arboricoles portant sur la conservation du patrimoine paysager et arboré. On notera par exemple le site classé du Val de Saône protégeant le patrimoine arboré caractéristique du secteur, composé d’alignements de platanes et des peupleraies. Les espaces boisés classés constituent un outil simple de conservation du patrimoine arboré qui peut être favorable à la noctule commune.
La réglementation actuelle impose de plus en plus la prise en compte des espèces arboricoles protégées lors de l’abattage d’arbres. L’expertise en amont ou durant le projet permet aux chiroptérologues de proposer des mesures d’évitements : l’adaptation des périodes de coupes ou encore la conservation d’une partie de l’arbre sur pied. Si ce type de mesures se systématise, il ne fait nul doute que la noctule commune sera une des principales espèces à bénéficier de cette prise en compte.
Lacunes identifiées et actions à engager
Des pans entiers de la biologie de l’espèce en Rhône-Alpes demeurent inconnus. S’il est très probable aujourd’hui que l’espèce se reproduise au moins sur la moitié nord de la région, la composition des populations entre individus sédentaires et migrateurs reste à établir. À ce titre, l’effort de recherche et de suivi de gîtes ne doit pas se concentrer uniquement sur les colonies de reproduction. L’étude et la conservation des gîtes de mâles sont tout aussi importantes à l’échelle de la population.
Les lacunes sur la connaissance des gîtes de l’espèce entravent la mise en œuvre d’actions de conservation directes pour l’espèce. L’amélioration des connaissances sur l’utilisation saisonnière des gîtes, leur typologie, la fidélité des individus sont autant d’éléments nécessaires pour la mise en œuvre de stratégies de conservation efficaces. Ceci permettrait aussi de mieux évaluer la potentialité en gîtes sur des arbres devant être abattus ou élagués.
Déjà abordé précédemment, l’identification des gîtes hivernaux arboricoles et l’analyse de leur situation microclimatique permettrait peut-être de mettre en avant le rôle des sites urbains et périurbains.
Enfin, en terme de protection, il serait intéressant d’engager un travail sur les gîtes dans le cadre des documents d’urbanisme des collectivités, en identifiant et préservant les arbres et alignement d’arbres, ce qui permettrait la pérennisation de nombreux gîtes.