Quelques données chiffrées
Nombre total de données et types de contacts
Nombre total de gîtes et périodes d'occupation
Première mention en Rhône-Alpes
Jean Balazuc observe 1000 individus le 1er juillet 1950 dans une grotte des gorges de l’Ardèche (commune de Saint-Martin-d’Ardèche).
Distribution actuelle
Le murin à oreille échancrées est présent sur une grande partie de l’Europe, se limitant à la Hollande au nord, ne dépassant pas la Turquie à l’est et le Maghreb au sud. En région Rhône-Alpes, il est observé sur tous les départements. Au cours de la période d’activité, même si quelques observations dispersées ont été récoltées dans les hautes vallées alpines, les noyaux de populations sont localisés essentiellement dans les secteurs de plaine et de piémont notamment en bordure des massifs préalpins. De belles populations sont notées sur les contreforts du Jura (Revermont, Bugey) ainsi qu’au nord de l’Isère (Isle Crémieu). Des colonies sont aussi connues sur les reliefs collinéens de la partie ouest de la Savoie et de la Haute-Savoie. Enfin, la partie méridionale de la région rassemble les plus fortes densités, notamment en Drôme. En hiver, il se rencontre sur les mêmes secteurs géographiques mais sur un nombre de localités extrêmement faible.
L’immense majorité des contacts est notée à basse altitude : près des trois quart des données sont ainsi obtenus en dessous de 500 mètres. Au-delà de 1000 mètres le murin à oreilles échancrées peut être considéré comme rare avec environ une observation sur dix. Si des restes osseux non datés ont été retrouvés dans plusieurs cavités d’altitude notamment en Chartreuse, les données les plus élevées concernant des individus vivants ont été obtenues en sortie de gîte à 1741 mètres dans ce même massif et à 1700 mètres dans les Bauges. En Haute-Savoie, un individu a été contacté au détecteur à 1903 mètres en chasse en prairie.
Le murin à oreilles échancrées semble se satisfaire d’une grande variété d’habitats. Les massifs boisés sont cependant indispensables, même relativement isolés ou clairsemés dans des régions de cultures. Les milieux qui semblent les plus attractifs pour ce murin de petite taille sont sans conteste les ripisylves et les forêts de feuillus. Il fréquente néanmoins les massifs de résineux et les taillis peu âgés. Sur les secteurs de collines et en plaine, il apprécie les paysages de bocage, les zones d’élevage et la proximité des zones humides.
Evolution des connaissances et des effectifs en Rhône-Alpes
Le murin à oreilles échancrées est une espèce dont la connaissance a très fortement progressé en Rhône-Alpes depuis 2001. Le nombre d’observations annuelles a sensiblement augmenté à partir de la fin des années 1990 passant de moins de 20 données par an à plus de 40, puis à plus de 50 à partir du milieu des années 2000. Comme pour beaucoup d’autres espèces, ces progrès sont dus à un engouement croissant pour l’étude des Chiroptères au sein des structures naturalistes et au développement de nouvelles techniques de recherche. Le premier atlas régional a souligné un état initial doté d’un important potentiel de progression qui a beaucoup joué sur la motivation de nombreux observateurs.
L’espèce est quasiment invisible en hiver et de fait indénombrable. La population reproductrice connue de Rhône-Alpes s’élève à près de 15000 femelles et jeunes, réparties sur 30 gîtes de parturition dont 28 contrôlés sur la période du présent atlas.
Les effectifs hivernaux sont trop faibles pour interpréter une quelconque évolution, par contre, on observe en période estivale une nette hausse sur des sites suivis depuis plusieurs années. Certaines colonies ont ainsi vu leur effectif doubler en moins de dix ans (entre 2001 et 2009). S’il est parfois délicat d’évoquer une tendance, il semblerait toutefois que cette espèce facile à dénombrer précisément, soit en augmentation dans certains secteurs. On ne peut cependant exclure complètement l’hypothèse du regroupement sur les sites suivis de colonies ayant vu leur gîte détruit (ou condamné). En effet, certaines colonies ont disparu récemment et de sérieuses menaces pèsent sur d’autres.
Il est également intéressant de noter l’observation en 1950 d’une colonie d’environ 1000 individus dans une cavité des gorges de l’Ardèche. Ce groupe n’a jamais été revu avec un tel effectif par la suite et les causes de sa totale disparition restent inconnues.
Acquisition des données en Rhône-Alpes
Les efforts de prospection accrus ces dernières années ont permis de contacter cette espèce sur 117 nouvelles mailles depuis le précédent atlas. A l’heure actuelle, elle est connue sur 200 mailles soit 38,5 % de la surface relative de la région. Cette évolution est particulièrement sensible sur certains départements où l’activité chiroptérologique a connu un net essor en l’espace de 15 ans. La progression est ainsi remarquable en Drôme, dans le nord de l’Isère ou dans la partie ouest des départements savoyards. Les observations sont majoritairement estivales et l’on constate qu’à la mauvaise saison le nombre de citations n’a pas suivi la même dynamique.
Les informations relatives au murin à oreilles échancrées concernent principalement l’observation d’animaux au gîte (55,8 % des données). Cette espèce est fréquemment capturée sur ses zones de chasse ou en transit. 20,7 % des observations sont fournies par cette technique. Ainsi, la capture au filet et la visite de gîtes, en milieu bâti ou souterrain, ont largement contribué à l’amélioration de la connaissance du statut de cette chauve-souris. Comme pour beaucoup d’espèces du genre Myotis, la détermination du murin à oreilles échancrées par la méthode acoustique est délicate et demande une bonne expérience. Les contacts acoustiques représentent cependant 18,5 % des mentions.
Phénologie d’observation en Rhône-Alpes
Le nombre d’observation est faible en hiver (9,6 %) et au transit printanier (7,2 %). Les dates d’arrivée sur les sites d’hibernation ne sont pas connues. Il est possible que des individus stationnent sur ces sites dès la fin de l’été puisqu’on observe du swarming de murins à oreilles échancrées sur certaines cavités aussi utilisées pour l’hibernation.
Si l’espèce est très discrète en hiver, en été ce comportement semble totalement s’inverser et le nombre de données s’en ressent largement (59 % du total des observations).
Du fait d’une certaine « confiance » de cette espèce envers l’Homme, des suivis réguliers ont permis de connaître assez précisément la phénologie de sa reproduction. Les premières femelles arrivent sur les gîtes de parturition en général à partir du mois de mai. L’effectif total est atteint au moment des premières mises bas qui ont lieu entre la mi-juin et la fin de ce mois (date la plus précoce un 18 mai). Celles-ci peuvent s’échelonner pendant près d’un mois puisque des jeunes non volants sont parfois notés fin juillet. En toute logique, les envols débutent en juillet et, très vite, les effectifs diminuent du fait de la dispersion des animaux vers des gîtes de transit. A la mi-août, la plupart des colonies ont déserté leur site de parturition. Certains propriétaires de bâtiments occupés depuis plusieurs dizaines d’années par des colonies de murins à oreilles échancrées, témoignent que ces « invités » sont d’une fidélité et d’une régularité quasi « helvétique ». D’année en année, les dates d’arrivée et de départ se répètent avec une constance étonnante.
Nous ne disposons de pratiquement aucune information sur les périodes d’occupation des gîtes de transit. Environ un tiers des observations concernent ces périodes et notamment le transit automnal (21,4 % des données).
La migration n’est pas connue chez cette espèce, à l’exception d’une observation troublante réalisée à partir d’un individu bagué en Ardèche dans les années 1950 (voir la partie sur la pratique historique du baguage). Cette femelle adulte fut marquée sur sa colonie de mise-bas avec des grands murins. Elle fut retrouvée 2 ans plus tard, en compagnie de l’un de ces mêmes grands murins, dans une grotte des Baux de Provence (Bouches du Rhône) au mois de décembre (Faugier, 1983) ! Le déplacement entre les deux sites représente 90 kilomètres.
Gîtes utilisés par l’espèce en Rhône-Alpes
Les observations en période hivernale ont toutes été collectées en milieu souterrain, artificiel ou naturel. Parmi les 41 gîtes hivernaux connus, on distingue quelques ouvrages d’art (souterrains et anciens tunnels) ou galeries de mine et une majorité de cavités naturelles (grottes ou gouffres).
Les effectifs connus en hiver ne sont pas comparables aux populations connues en période de reproduction. En effet, sur l’ensemble de la région, une seule cavité a abrité plus de 10 individus (entre 1 et 16) et moins de 10 sites hébergent plus de 2 individus en hiver. L’effectif total observé en Rhône-Alpes en hiver est en moyenne d’une cinquantaine d’individus.
Sur le massif du Vercors, un individu a été observé dès le début du mois de novembre dans une cavité située à 1300 mètres. L’observation est originale puisque l’entrée du gouffre était déjà obstruée par la neige. D’après les spéléologues locaux, l’entrée de ce scialet ne se dégage de nouveau qu’au mois de juin (au plus tôt).
L’essentiel des colonies de parturition (n=28) se trouve dans le bâti à l’exception de cinq maternités situées en grottes naturelles (trois en Ardèche – dont une identifiée en 2013, une en Isère et une dans l’Ain). En milieu bâti, ce murin recherche des espaces assez volumineux, comme les combles ou les bâtiments agricoles. Parmi ces derniers, les bergeries, étables et surtout chèvreries sont régulièrement utilisées. Il est intéressant de noter que huit églises sont connues pour être utilisées lors de la mise-bas. Enfin, la plus importante de ces nurseries, qui rassemble jusqu’à 2200 femelles avant mise-bas, est installée dans un ancien bâtiment industriel (moulinage).
Les bâtiments, outre la chaleur régnante assez typique pour les gîtes à Chiroptères, ont souvent des caractéristiques originales. En effet, ils peuvent être très lumineux et fréquentés par l’Homme sans gêne apparente pour les chauves-souris. Certaines colonies, installées dans des bâtiments dédiés à la stabulation du bétail, voient passer chaque jour les éleveurs, pour la traite ou les soins aux animaux, sans manifester la moindre réaction. La nurserie installée dans un ancien moulinage de la Drôme était déjà présente lorsque celui-ci était en activité. Les bruyantes machines de filature et les ouvriers qui y travaillaient ne perturbaient aucunement le bon déroulement de la reproduction.
Les effectifs des colonies sont très variables, de quelques dizaines de femelles à des essaims de plusieurs milliers. La plupart des maternités comptent entre 100 et 300 femelles. En Drôme, seules deux colonies comptent plus de 1000 individus. Ces regroupements demeurent exceptionnels.
Il est important de remarquer que cette espèce s’associe régulièrement avec d’autres pour se reproduire. Le cas le plus fréquent est l’association avec le grand rhinolophe, mais elle existe aussi avec le rhinolophe euryale et les murins de grande taille. C’est le cas en Ardèche, où une grotte abrite toutes ces espèces lors de la période de mise-bas. Cette mixité a plusieurs déclinaisons avec des variations dans la taille des groupes qui se forment chaque année. En outre, les essaims peuvent être contigus et parfois légèrement mélangés, mais on observe aussi des essaims spécifiques nettement séparés.
La période estivale permet régulièrement de découvrir des individus isolés dans des maisons abandonnées, en particulier dans les parties anciennement habitées. Les individus se posent alors directement sur les murs, ou sur une poutre, bien en évidence et de préférence en pleine lumière. Ce comportement peu discret peut être poussé à l’extrême puisque l’on trouve régulièrement des murins à oreilles échancrées posés sur des murs extérieurs d’habitation, juste sous le rebord du toit.
En période de transit, on trouve le murin à oreilles échancrées dans une grande variété d’abris, comme les caves voûtées aux pierres disjointes, sous les ponts ou dans des fissures de murs. Les combles et les greniers sont encore très régulièrement utilisés et servent de refuges à des groupes pouvant compter quelques dizaines d’individus.
Enfin en automne, cette espèce fait partie des « classiques » dénombrées lors du phénomène de swarming en cavité.
Un vol adapté aux milieux encombrés
En Drôme des collines, une colonie a été découverte au cours de l’été 2011 grâce à la pose d’un émetteur sur une femelle allaitante. Les propriétaires ne souhaitant pas que nous visitions les bâtiments de leur ferme, une tentative de dénombrement en sortie de gîte fut entreprise quelques semaines après la découverte. La ferme est située au milieu de cultures, à une centaine de mètres de la lisière d’un coteau boisé. Une allée d’arbres relie la propriété à cette lisière bordée d’une petite route. Entre la lisière et la maison se trouve un jardin entouré d’une haie de thuyas.
« Adossé à cette haie, je surveille au crépuscule la ferme devant moi en balayant la route du regard. Les murins commencent à défiler, franchissant la voie à faible hauteur. Certains filent à 20 centimètres du goudron, d’autre le survolent à 1 mètre ou 1 mètre 50. La plupart des individus longent la haie de thuyas, jusqu’à l’extrémité de celle-ci, avant de s’engouffrer dans le bois. Mais plusieurs d’entre eux pénètrent dans cette haie à la faveur de minuscules trouées où l’on ne pourrait passer la main sans toucher les rameaux écailleux. Les chauves-souris semblent alors littéralement s’évanouir dans cette « muraille verte » pour ressortir de la même manière un peu plus loin. Certaines parcourent un ou deux mètres dans cette végétation avant de rejaillir ».
Cette observation montre la capacité du murin à oreille échancrées à se faufiler dans un milieu apparemment impénétrable. Les haies de thuyas, souvent prospectées par le troglodyte mignon regorgent de petites araignées qui sont aussi probablement recherchées par ce murin. Ce comportement montre un certain opportunisme pour la recherche de nourriture.
Habitats exploités en phase d’activité en Rhône-Alpes
Trois femelles allaitantes ont été suivies par radiopistage pendant plusieurs nuits en juillet 2011 en Drôme. Ces dernières ont longuement chassé en ripisylve en début de nuit sur un linéaire de quelques kilomètres à proximité de la colonie, avant d’aller prospecter des secteurs boisés dans les collines alentours. Les habitats que les animaux ont exploités étaient en grande majorité des forêts de pins noirs et pins sylvestres présentant un sous-bois dense, des faciès d’embroussaillement et de landes arborées. Ces boisements étaient entrecoupés de ravins parfois humides (ruisseaux). La distance entre le gîte et les zones de chasse les plus éloignées n’excédait pas dix kilomètres.
Lors des inventaires, le murin à oreilles échancrées a été très souvent contacté le long des rivières qu’il utilise aussi en tant que route de vol. On l’observe très fréquemment en forêt, notamment au cœur des boisements denses et les allées forestières sont également très pratiquées. Dans le Vercors, des individus ont été capturés en altitude à la limite de la forêt ou ont été contactés dans des secteurs de pelouses alpines et de pessières clairsemées.
Aucune étude de régime alimentaire n’a été réalisée sur cette espèce en Rhône-Alpes mais la littérature met notamment l’accent sur la consommation régulière d’araignées capturées au centre de leur toile. Ce comportement alimentaire se trouve confirmé en Rhône-Alpes par les nombreux restes de toiles retrouvés sur les tas de guano des colonies ou sur les antennes des émetteurs radio posés sur des individus suivis.
Menaces pesant sur l’espèce en Rhône-Alpes
Le faible nombre de colonies de mise-bas connues, l’importance des effectifs et leur localisation majoritairement dans le bâti, conduisent à une grande sensibilité des populations de cette espèce.
La réhabilitation des bâtiments, notamment des fermes agricoles en habitation à l’espace « optimisé », constitue une menace réelle. L’abandon de certains bâtiments et leur dégradation est l’autre pendant extrême et tout aussi menaçant de la situation du bâti indispensable au murin à oreilles échancrées pour se reproduire. L’occupation de gîtes souterrains pour la mise-bas et l’élevage des jeunes, même de moindre importance est menacée par le dérangement.
Les menaces relatives aux habitats de chasse de l’espèce peuvent sembler moins importantes pour la survie de ses populations compte tenu de sa grande plasticité vis-à-vis des habitats qu’elle fréquente. Il est néanmoins important de veiller à une gestion forestière douce et en faveur du vieillissement des peuplements. Le développement des nouvelles filières sylvicoles (production de granulés de bois pour le chauffage) est une menace relativement sérieuse pour toutes les espèces qui se nourrissent essentiellement en forêt.
Le maintien des ripisylves dans un bon état de conservation est essentiel en raison des habitats de chasse et des corridors écologiques qu’elles constituent. Au même titre que le développement d’une agriculture biologique, l’élevage extensif dans les zones rurales est crucial pour ce murin comme pour beaucoup de Chiroptères. Le recalibrage des cours d’eau, la destruction et l’entretien disproportionné des forêts alluviales sont encore largement pratiqués, parfois sous couvert de concepts halieutiques erronés ou de protection civile (lutte contre les inondations).
Si aucun cas de mortalité éolienne n’a été observé en Rhône-Alpes, plusieurs cas ont été relevés en Provence ce qui doit nous inciter à la plus grande vigilance quant aux conditions du développement éolien.
La mortalité routière a été constatée à plusieurs reprise sur l’autoroute A7 et un juvénile a été percuté sur une route départementale. Le murin à oreilles échancrées est une espèce particulièrement sensible à ce phénomène puisqu’il se déplace à faible hauteur, généralement au plus près des linéaires paysagers. Les lisières, haies et ripisylves des cours d’eau sont autant de structures paysagères présentes le long des axes routiers que les individus franchissent d’un bord à l’autre. Les ruptures de corridors sont très handicapantes pour ses déplacements et les franchissements de route peuvent s’avérer périlleux si ces derniers ne sont pas aménagés.
Cohabitation possible !
Les colonies de murins à oreilles échancrées ont souvent des particularités propres à cette espèce. Populeuses, en essaims denses, les femelles ne s’envolent quasiment pas lorsqu’on les approche. Souvent dans des endroits éclairés et peu discrets, elles reviennent d’année en année au même endroit, aux mêmes dates, et repartent quelques mois après avec la même ponctualité.
L’ensemble de ces comportements provoque dans bien des cas une certaine sympathie chez les personnes avec lesquelles elles cohabitent. Des agriculteurs hébergeant des colonies dans leur chèvrerie nous parlent aussi de « leurs » hirondelles et évoquent l’envol des murins, le soir, qui tournent longuement en traquant les mouches posées au plafond avant de sortir dehors pour chasser.
Cette harmonie trop rare entre le monde rural et des animaux souvent ostracisés et mythifiés est un symbole de bonne entente, clé d’une cohabitation durable et sans heurt.
Protection de l’espèce en Rhône-Alpes
Sur les cinq gîtes de reproduction connus dans la région en cavité naturelle (actuels ou anciens), trois font l’objet d’une limitation de la fréquentation humaine par la pose d’une grille. L’un est situé dans le département de l’Ain et les autres dans celui de l’Ardèche.
Des propriétaires de bâtiments abritant des colonies de reproduction ont été sensibilisés et des démarches sont en cours pour aboutir à la signature de conventions « Refuge pour les chauves-souris ».
Pour les terrains de chasse, la mise en place du réseau de sites Natura 2000, les créations de Réserves naturelles nationales et régionales permettent de sauvegarder des portions de territoires et d’habitats favorables à cette espèce. L’implication des associations naturalistes dans les contrats de rivières permet de mettre l’accent sur la préservation des ripisylves si chères au murin à oreilles échancrées.
Lacunes identifiées et actions à engager
La protection pérenne de l’ensemble des gîtes de reproduction de l’espèce est l’action prioritaire pour assurer le maintien des populations. En complément, les efforts de recherche des colonies de reproduction doivent être poursuivis. D’autres actions peuvent cependant être envisagées.
Il serait intéressant d’évaluer les problèmes de ruptures de corridors et de franchissement des routes à proximité de certaines colonies majeures afin de limiter la mortalité et de faciliter le déplacement des individus.
La grande inconnue chez cette espèce tient à sa discrétion en période hivernale. Si la fréquentation du monde souterrain par cette chauve-souris est acquise, l’immense majorité des effectifs observés en été disparaît en hiver. On peut imaginer des rassemblements dans des cavités « vierges », ou invisibles dans des fissures voire peut-être des déplacements vers d’autres régions. La recherche et la protection des gîtes hivernaux aussi compliquée soit-elle (grande quantité de cavités potentielles) doit être une piste sérieuse à envisager.