Quelques données chiffrées
Nombre total de données et types de contacts
Nombre total de gîtes et périodes d'occupation
Première mention en Rhône-Alpes
En décembre 1946, Jean Balazuc consigne l’observation d’une colonie dans une cavité du sud de l’Ardèche (commune de Bidon).
Distribution actuelle
Le rhinolophe euryale est mentionné sur le pourtour méditerranéen (à l’exception de l’Egypte et de la Libye) avec, plus à l’est, des populations en Géorgie, Arménie, Azerbaijan, Iran et Turkménistan. Au regard de son aire de répartition, le rhinolophe euryale peut être considéré comme une espèce méditerranéenne même si, comme c’est le cas par exemple en France, il s’éloigne parfois un peu au-delà des strictes limites de cette zone biogéographique.
En Rhône-Alpes, pour la période du présent atlas (2001-2012), il a été noté de manière certaine sur cinq des huit départements de la région : l’Ain, l’Ardèche, la Drôme, l’Isère et la Savoie.
En Savoie, l’unique mention, relativement récente (2008), se situe à la marge de la zone d’occupation connue pour la population du département de l’Ain.
En Isère, l’espèce avait fait l’objet d’une vingtaine de citations avant 1999, principalement dans l’Isle Crémieu. Des enregistrements récents (2012) dans le porche d’entrée d’une cavité témoignent de sa présence actuelle dans le nord du département. Sur ce secteur, on peut également mentionner l’observation ponctuelle et singulière d’une colonie de 400 individus environ dans une grotte, en juin 1982 (Brosset, 1988).
En Drôme, la présence de l’espèce était notée à plusieurs reprises sur deux sites au cours des années 70 et 80 mais plus aucune observation n’avait eu lieu à partir de 1986. Par ailleurs, des restes osseux de plusieurs individus avaient été notés dans une cavité du sud-ouest du département en 1983. A ce jour, deux observations d’individus isolés au gîte (2008 et 2012) et des contacts au détecteur d’ultrasons (2010) attestent de sa présence sur trois sites (Diois et Baronnies).
En Ardèche, département qui cumule l’essentiel des données, le rhinolophe euryale s’observe principalement dans le tiers sud-est du département (Vivarais et Basse Ardèche). Sur cette zone calcaire riche en cavités, il a été observé depuis 2001 dans plus de 30 gîtes mais son observation régulière ne concerne qu’une dizaine d’entre eux.
Enfin, dans l’Ain, une vingtaine de gîtes ont fourni des contacts avec l’espèce depuis sa première mention sur le département (Bugey, Revermont et Rhône-Bourget). Si l’espèce se maintient sur ce département, à l’heure actuelle, seuls trois sites sont occupés irrégulièrement.
Au titre des données anciennes, on précisera l’unique mention en Haute-Savoie (Genevois-Annecy) d’un cadavre d’une femelle découvert en mars 1950 dans une cavité. On notera également pour le département du Rhône (Monts du Lyonnais), l’observation au cours de l’hiver 1998 d’un individu noté comme « rhinolophe euryale probable » ; observation qui reste à ce jour unique et incertaine.
L’espèce affectionne les territoires boisés et bocagers offrant une mosaïque de milieux, habitats bien représentés en Rhône-Alpes. Pour autant, la présence actuelle et régulière du rhinolophe euryale sur la région se limite globalement à deux zones géographiques (Bas Bugey et Basse Ardèche) suffisamment éloignées l’une de l’autre pour exclure présentement une connexion entre les deux populations. L’occupation principale de ces deux secteurs est à mettre en lien direct avec la forte disponibilité en gîtes cavernicoles (régions karstiques). Entre les deux, l’offre potentielle en gîte est importante en Drôme et en Isère. On peut cependant observer que la présence de l’espèce se limite aux secteurs de basse altitude avec l’essentiel des mentions (96 %) et des gîtes connus (94 %) se situant en deçà de 500 mètres. Seuls quatre gîtes sont au-delà dont le plus élevé, en Drôme, à 870 mètres d’altitude.
Évolution des connaissances et des effectifs en Rhône-Alpes
Depuis 2001, le nombre des mentions de l’espèce reste conséquent pour les départements de l’Ain (n=44) et de l’Ardèche (n=195). Les données récentes qui signalent sa présence en Savoie (n=1), Isère (n=1) et Drôme (n=3), bien que ponctuelles et ne concernant à chaque fois qu’un seul individu, sont intéressantes car elles se rapportent à quatre gîtes dans lesquels l’espèce n’avait jamais été observée jusqu’alors.
Globalement, le nombre de données a plus que doublé avec un total en fin d’année 2012 de 392 citations (dont trois non datées) contre 145 à la fin de l’année 2000. Ces chiffres bruts doivent cependant être considérés avec précaution dans la mesure où certains gîtes occupés par l’espèce ont fait l’objet, ces dernières années, de plusieurs visites de suivis au cours d’une même période d’occupation.
Ainsi, à l’analyse, on constate que sur l’ensemble de la région, le nombre de communes où le rhinolophe euryale est noté régresse, pour la période 2001-2012, de 33 à 27 mais parallèlement, le nombre de gîtes dans lesquels l’espèce est observée passe de 43 à 48. La reproduction est attestée dans trois sites (un dans l’Ain et deux en Ardèche) dont un pour lequel cette connaissance est nouvelle (2011) mais dont l’occupation daterait déjà de plusieurs années.
Dans l’Ain, la population encore présente semble bien résiduelle mais se maintient toujours avec, au mieux, une petite quinzaine d’individus au total observés au cours des différentes périodes de l’année. Cette situation peut laisser penser que les gîtes actuellement connus ne sont que d’une utilisation marginale pour une population plus importante qu’il resterait à découvrir sur le département ou qui serait en lien avec la population du Jura.
En Ardèche, dès la fin des années 70 le rhinolophe euryale semblait avoir quasiment disparu du département, comme d’ailleurs sur de très nombreux sites de Rhône-Alpes et du territoire national (Faugier, 1983 ; Brosset, 1988). Aujourd’hui, les effectifs connus sont semblables à ceux du passé et, sur l’ensemble de la période du présent atlas, l’espèce est régulièrement notée dans divers gîtes pour chaque phase de son cycle annuel. Pour cette population du sud de la région, la situation actuelle est sans doute le résultat du maintien d’une interconnexion avec celle du Languedoc-Roussillon.
Les suivis et les prospections réalisées en Ardèche ces dernières années permettent, dans une certaine mesure, de mieux cerner les effectifs contemporains. Ainsi, les dénombrements effectués sans interruption depuis 1989 dans l’unique site d’hivernage majeur connu en Rhône-Alpes donnent une moyenne de 160 individus pour la période 1989-2000 et 390 pour la période 2001-2012. La population régulièrement dénombrée en hivernage (de l’ordre de 450 à 500 adultes) reste cependant inférieure de moitié à celle estivale et reproductrice (environ un millier d’individus adultes). Toutefois, il faut noter que le dénombrement hivernal de 2008 avait créé la surprise avec un effectif record de 919 individus. En 2009, l’effectif maximum était encore de 618 et l’année suivante il revenait à un niveau plutôt bas avec 215 individus. Ces quelques 500 individus surnuméraires apparus en 2008 n’ont pas été revus par la suite. Un ou plusieurs gîtes d’hivernage restent vraisemblablement à découvrir.
Même si elle demeure hasardeuse, une estimation des effectifs régionaux du rhinolophe euryale peut-être envisagée dans une fourchette comprise entre 1500 et 2000 individus.
Acquisition des données en Rhône-Alpes
Contrairement à de nombreuses autres espèces, le développement des techniques acoustiques et la systématisation de la capture au filet lors des inventaires ne sont en rien dans l’accroissement des connaissances sur le rhinolophe euryale.
Audible au détecteur d’ultrasons à une très faible distance (de l’ordre de cinq mètres) on ne dispose ainsi que de 18 données acquises par cette pratique (soit 4,5 % du total) toutes réalisées aux abords immédiats de dix gîtes. Seuls trois de ces contacts constituent des nouvelles localisations pour l’espèce.
Aucune capture au filet d’individu en activité de chasse n’a été réalisée en Rhône-Alpes et les mentions relatives à cette technique (n=11 soit 2,8 % du total) ont toutes eu lieu en entrée de gîte. Pour ces derniers, sur les neuf concernés, un seul est un nouveau site de contact avec l’espèce.
Les mentions de cadavres et de restes osseux (respectivement huit et neuf mentions) sont, à l’exception de deux d’entre-elles, toutes antérieures à 2000. Plusieurs centaines d’individus ont été bagués en Ardèche et en Isère avant 1970 (voir la partie sur la pratique historique du baguage).
Des données récentes ont été acquises par la télémétrie avec deux femelles gestantes suivies pendant trois nuits en début juin 2011. Les recherches ont permis, en premier lieu, de montrer l’occupation temporaire d’un gite voisin de celui où l’un des individus avait été capturé et équipé de son émetteur. En second lieu, cette étude visant les individus d’une population en transit printanier dans une cavité du sud de l’Ardèche a surtout conduit à découvrir le gîte de mise bas. Celui-ci est situé à neuf kilomètres à vol de chauve-souris, dans les souterrains d’un bâtiment, mais dans le département du Gard !
En fin de compte, c’est la recherche visuelle dans les gîtes diurnes qui apporte l’essentiel des informations avec près de 80 % du total des données. Au cours des 12 dernières années, du fait d’une importante pression de prospection, cela se traduit par une légère augmentation du nombre de gîtes dans lesquels l’espèce est observée malgré une sensible régression sur le plan de la couverture géographique de la région. Ainsi, depuis 2001, l’espèce est mentionnée sur 20 mailles contre 24 antérieurement. La couverture régionale relative est de l’ordre de 6 %.
Phénologie d’observation en Rhône-Alpes
Les observations de rhinolophe euryale se répartissent assez uniformément sur tous les mois de l’année et, de fait, les valeurs sont quasi identiques sur l’ensemble des périodes de son cycle annuel (près de 24 % des observations en période hivernale, 30,5 % en période estivale, 24,5 % lors du transit printanier et 21 % lors du transit automnal).
En période de reproduction, les informations recueillies sur les trois sites de mise-bas connus indiquent que les dates des premières naissances peuvent être extrêmement variables d’une année sur l’autre et sur une période comprise entre la mi-juin et fin juillet. La date la plus précoce est celle d’un 19 juin dans le gîte du département de l’Ain et la plus tardive est intervenue entre le 20 juillet et le 30 juillet dans l’un des gîtes de l’Ardèche.
Par ailleurs, la littérature indique que, contrairement aux autres espèces, la mixité mâles – femelles au sein des colonies de parturition est un fait établi (Arthur et Lemaire, 2009). Il n’empêche que la capture de 15 individus mâles (sur les 17 individus présents) réalisée au harp-trap un 12 juin dans le porche d’une cavité ardéchoise nous enseigne que le regroupement exclusif de mâles est aussi pratiqué à cette période de l’année.
Gîtes utilisés par l’espèce en Rhône-Alpes
Le rhinolophe euryale est une espèce qui tend largement à occuper les gîtes cavernicoles, tout au moins en dehors de la période de mise bas. En Rhône-Alpes, sur un total de 77, 71 sont des gîtes hypogés* et 6 des gîtes épigés*. Pour la période 2001-2012, sur les 48 gîtes recensés on dénombre 39 grottes ou avens, quatre mines, trois habitations et deux églises.
En période hivernale, seule l’utilisation de gîtes souterrains est connue. L’essentiel des mentions concerne l’observation d’un seul individu, plus rarement entre deux et quatre. Deux gîtes situés en Ardèche présentent des effectifs plus conséquents. L’un est connu depuis seulement mars 2012, suite à une information communiquée par le CDS* 07. Son occupation a été confirmée lors d’une visite effectuée à la fin janvier 2013, date à laquelle l’effectif était de 70 individus.
L’autre, déjà évoqué précédemment, fait l’objet d’un suivi régulier depuis 1989. En 2008 et 2009, des visites de dénombrement y ont été effectuées avec une fréquence d’environ tous les 15 jours, entre la mi-novembre et la fin du mois de mars. Lors de ces deux hivers successifs, et à partir de la première présence constatée, l’effectif a augmenté à chaque visite jusqu’à la première semaine de février où le pic a été atteint. La diminution s’est amorcée une vingtaine de jours après ce pic jusqu’à la disparition complète de la colonie au 30 mars. On peut souligner qu’en 2008, les premiers individus sont notés présents dans le gîte dès la fin novembre alors qu’en 2009 il faut attendre la mi-janvier pour observer un début de rassemblement.
En période de reproduction, trois gîtes sont connus sur la région. Dans l’Ain, la petite colonie de mise bas, découverte en 1992 dans les combles d’une église, n’a jamais dépassé les dix individus adultes. Depuis au moins 2011, l’effectif est inférieur à cinq.
En Ardèche, deux gîtes de reproduction ont été découverts en 2000 et 2011. Le premier est une cavité dans laquelle l’effectif actuel est de l’ordre de 800 adultes. Le second est une cave d’habitation qui rassemble au moins une centaine d’individus adultes.
L’occupation estivale a été notée, depuis 2001, dans 23 gîtes (hors ceux de reproduction). Les effectifs sont généralement inférieurs à dix hormis pour l’un d’eux contrôlé en mai 2012 suite à une information communiquée par un spéléologue ardéchois. Occupé à cette date par une centaine d’adultes, dont une grosse part de femelles gestantes, l’effectif dénombré en 2013 était identique.
En période de transit printanier ou automnal, le rhinolophe euryale a été noté dans dix gîtes du département de l’Ain dont trois depuis 2001. Les effectifs actuels sont au maximum de trois individus.
Sur le département de l’Ardèche, le nombre de gîtes occupés sur ces deux périodes est de 27 dont 19 depuis 2001. Trois de ces derniers sont régulièrement suivis au printemps depuis quelques années. La population est de l’ordre de 15 à 20 individus pour deux d’entre eux (avec des fluctuations annuelles) mais elle montre une nette augmentation pour le troisième (d’une cinquantaine au début des années 2000 à près de 200 à ce jour). Concernant ce dernier gîte, il est à noter que la mise-bas y avait été constatée en 1956 et 1958. Par ailleurs, il se situe à seulement 500 mètres d’une cavité dans laquelle une colonie d’hivernage d’environ 1000 individus a périclité à la fin des années 50 pour disparaître totalement en 1964, les derniers individus ayant été détruits volontairement par l’Homme.
Dans la Drôme, l’une des trois mentions récentes de l’espèce (2010) concerne un individu en transit printanier contacté au détecteur sortant d’une cavité.
Le comportement d’essaimage n’est pas connu pour l’espèce.
Habitats exploités en phase d’activité en Rhône-Alpes
L’absence de contact au détecteur d’ultrasons et de capture au filet d’individu en activité limite la connaissance fine des habitats exploités par le rhinolophe euryale. Par ailleurs, aucune étude n’a, à ce jour, été réalisée sur le régime alimentaire du rhinolophe euryale en Rhône-Alpes.
Pour autant, sur la région, diverses informations résultent du suivi télémétrique réalisé sur deux femelles gestantes en juin 2011 dans la RNN des Gorges de l’Ardèche (Cornut, 2011). Ce suivi réalisé sur trois nuits a notamment permis de noter des distances de déplacements comprises entre huit et dix kilomètres. L’un des individus est allé chasser activement, deux nuits consécutives, sur une zone collinéenne constituée d’habitats de type vignes, friches et petits boisements. Des déplacements pour aller chasser jusque sur le secteur de la confluence entre la rivière Ardèche et le fleuve Rhône (zone de ripisylves, vergers et vignobles) ont aussi été mis en évidence. Non loin du gîte de reproduction découvert lors de cette étude dans les souterrains d’une bâtisse dans le département voisin (Gard), l’une des femelles a longuement chassé dans un fond de vallon boisé.
Le rhinolophe euryale est considéré comme une espèce plutôt casanière effectuant des déplacements réduits, ordinairement inférieurs à dix kilomètres mais parfois bien au-delà (Némoz & Brisorgeuil, 2008 ; Arthur & Lemaire, 2009). Même s’ils restent limités dans le temps, les résultats obtenus en Ardèche sont cohérents avec ces valeurs.
Un site très suivi !
La découverte, en 1989, d’une colonie d’hivernage de rhinolophe euryale a marqué le début d’une longue série de visites annuelles de dénombrement. Ce site majeur pour l’espèce est aussi, notamment en raison de son accès aisé et de ses grands volumes, un lieu de « promenade » prisé par un large public. Les appareils de dénombrement de la fréquentation humaine, installés en fin d’année 2005, renseignent sur la situation. Les relevés montrent que celle-ci est importante, même en hiver au moment de la présence de la colonie, et ce malgré l’interdiction d’accès (entre le 1er novembre et le 15 avril) stipulée par l’APPB* pris en décembre 2007. Pourtant, l’information est diffusée (au moins localement) et par ailleurs il n’est guère possible de ne pas voir l’information en place sur le site. Peut-être, malgré tout, sent-on poindre une baisse de la fréquentation au fil des ans ; mais cette restriction semble toujours difficile à accepter.
La hauteur sous la voûte où se tient la colonie est assez haute pour limiter le dérangement dû à un simple passage. Il est même probable qu’un certain nombre de visiteurs ne remarque pas sa présence. Mais, une trop grande fréquentation peut générer toutes sortes de problèmes même sans « mauvaise » intention. Ainsi, les constats de la présence de torches artisanales abandonnées par des « aventuriers », la désobstruction opérée dans une partie de la cavité ou encore les boules de glaise collées sur des parois sont autant de signes inquiétants qui pourraient mettre à mal l’occupation de ce gîte par cette fragile population. La mise en place d’un système de protection interdisant la fréquentation humaine pendant la période hivernale s’avère nécessaire.
Menaces pesant sur l'espèce en Rhône-Alpes
En tant qu’espèce fortement liée au milieu cavernicole, occupant des gîtes dans les zones karstiques de la région où le tourisme souterrain (autant récréatif que lucratif) est important, il est évident que le dérangement susceptible d’être causé par cette activité est une menace non négligeable. Dans ce même registre, et cela est valable pour toutes les espèces de chauves-souris cavernicoles, on ne peut que s’inquiéter du développement du geocaching. Par la fréquentation que cette activité en plein essor peut engendrer, de sérieux problèmes pourraient se poser à l’avenir. Selon le CDS 07, pas moins de 21 cavités sont concernées en Ardèche.
La problématique liée à la disponibilité en habitats de chasse et en ressource alimentaire reste cruciale pour le rhinolophe euryale. Différentes études montrent que l’espèce affectionne les milieux offrant une mosaïque d’habitats et une certaine attirance pour les forêts de feuillus (Le Moal, 2007a et 2007b ; Némoz, 2007). La situation semble favorable en Rhône-Alpes et particulièrement dans sa zone de prédilection au sud, même si l’importante surface de chênaie verte (en phase de croissance mais encore trop largement à l’état de taillis) n’offre actuellement pas des potentialités optimales. L’urbanisation importante peut conduire à une perte en habitats de chasse mais c’est surtout la rupture des corridors de déplacement qu’elle occasionne qui pourra constituer un frein à une nouvelle dynamique d’extension de l’espèce.
Protection de l’espèce en Rhône-Alpes
L’effort de protection des gîtes où l’espèce est présente a été important ces dernières années. Les deux gîtes de reproduction en Ardèche sont concernés. Une grille a été installée en 2003, avec le concours du CEN RA* et du CDS 07, dans l’entrée de la cavité concernée et la cave de l’habitation a fait l’objet de la signature d’une convention « Refuge pour les chauves-souris ». L’entrée de deux gîtes de transit a également fait l’objet d’une fermeture (l’une à la demande du propriétaire et l’autre dans le cadre de la collaboration LPO* / SGGA*). Un troisième fait l’objet d’un suivi de la fréquentation humaine afin d’évaluer l’opportunité d’une mesure de limitation de l’accès. L’unique site d’hivernage majeur fait l’objet d’un APPB* depuis 2007 et la fréquentation humaine y est interdite entre le 1er novembre et le 15 avril (voir aussi l’encart à ce sujet). L’entrée de l’ancien site d’hivernage a également été fermée il y a déjà quelques années, mais pour des raisons autres que celles liées à la présence de chauves-souris (grotte aménagée pour le tourisme). Une ouverture a été réalisée pour le passage des Chiroptères mais elle n’est pas des plus adaptée et seuls quelques rares individus se risquent à l’emprunter. Des propositions de modifications ont été formulées mais elles n’ont pour l’instant pas été suivies d’effets.
Dans l’Ain, deux gîtes en milieu bâti sont inclus dans le périmètre d’une ZNIEFF* de type 1 et un site hypogé* fait l’objet d’une protection effective mais non pérenne (accord oral du propriétaire).
La protection efficace des gîtes connus reste une priorité. Dans ce cadre, la concertation avec les propriétaires, les gestionnaires d’espaces naturels et les usagers du milieu souterrain est primordiale.
Aucune action spécifique n’a été mise en œuvre sur les habitats de chasse de l’espèce.
Comme pour un certain nombre d’espèce, l’existence de la RNN* des Gorges de l’Ardèche, des ENS* et du réseau Natura 2000 (dont la désignation de certains sites repose pour partie sur la présence des Chiroptères) devrait permettre de garantir un bon état de conservation des gîtes et terrains de chasse nécessaires à l’espèce.
Lacunes identifiées et actions à engager
La population rhônalpine de rhinolophe euryale est relativement localisée puisque 99 % de celle-ci occupe le tiers sud-est du département de l’Ardèche. Il n’en demeure pas moins que le potentiel de recolonisation de l’espèce est important sur la région. Si la dynamique positive qui semble actuellement être observée se confirme, des prospections régulières sur les anciens gîtes connus dans la Drôme et l’Isère pourraient permettre de suivre une éventuelle progression de l’espèce. Compte tenu des connaissances actuelles, la situation apparaît critique dans le département de l’Ain. Elle pourrait bénéficier d’une nouvelle vitalité si les populations du sud et du nord de la région se reconnectaient dans les années futures.
Malgré l’optimisme généré par le constat de la situation actuelle, la poursuite des prospections et du suivi de l’évolution des populations reste une nécessité. Les résultats de ces actions constituent l’un des meilleurs outils de communication et de sensibilisation auprès de la population locale et des usagers du milieu souterrain. Ils permettent également, à l’attention des gestionnaires d’espaces naturels, de préconiser des mesures de gestion adaptées à chaque situation.
Enfin, le gîte d’estivage découvert en 2012 et dans lequel la fréquentation humaine est importante (notamment en raison de la présence toute proche d’un camping et d’un centre d’activité de loisirs) pourrait utilement bénéficier d’une mesure de protection.