• Grand rhinolophe
    Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774)
Grand rhinolophe © Yoann PEYRARD

Quelques données chiffrées

Nombre total de données et types de contacts



Nombre total de gîtes et périodes d'occupation


Première mention en Rhône-Alpes

Un individu est collecté par l’abbé Schingl aux grottes de la Balme (Isère) en septembre 1877. Il est conservé en collection au Musée Muséum départemental des Hautes-Alpes.

Distribution actuelle

Femelles portant leur jeune

Évolution des connaissances et des effectifs en Rhône-Alpes

Acquisition des données en Rhône-Alpes

Noter le nez en fer à cheval

Si le grand rhinolophe est facilement repérable dans ses gîtes, il est également doté d’un sonar très efficace qui, combiné à sa grande aisance en vol, le rend extrêmement difficile à capturer au filet. De plus, ses émissions d’ultrasons ne portent pas très loin, ce qui limite d’autant les probabilités de détection acoustique. Ces attributs expliquent pourquoi 85 % des données ont été collectées grâce à des observations visuelles, 10 % par la capture et seulement 2 % au détecteur d’ultrasons. Ces valeurs sont similaires dans tous les départements de la région. En outre, rare sur les terrains de chasse, la majorité des captures a été réalisée à l’entrée de cavités, secteur où les grands rhinolophes sont moins « attentifs » en raison de leur bonne connaissance de la topographie des lieux.

Phénologie d’observation en Rhône-Alpes

Tous les mois de l’année contribuent aux observations de l’espèce mais de manière plus importante en hiver. En effet, d’avril à septembre, entre 150 et 200 observations ont été faites mensuellement. D’octobre à mars, ce nombre dépasse les 250 pour atteindre pratiquement 800 au mois de février. Ce pic s’explique par les suivis hivernaux qui sont faits majoritairement au début de ce mois.

Les mises-bas ont généralement lieu de la mi-juin à début juillet et les premiers jeunes prennent leur envol aux environs de la mi-juillet. Les dates les plus précoces de mise-bas se situent autour du 5 juin.

Gîtes utilisés par l’espèce en Rhône-Alpes

Groupe d'hivernants

En période hivernale, tous les gîtes connus dans la région sont des gîtes souterrains, naturels ou artificiels. Ils sont généralement fréquentés par des individus isolés ou par des petits groupes. Dans 53 % des cas, les cavités occupées n’accueillent qu’un ou deux individus. Certaines cavités du département de l’Ain présentent des effectifs importants (jusqu’à 280 individus). La température y est inférieure à celle des cavités du sud de la région et l’on peut observer des « grappes » de plusieurs dizaines d’individus (jusqu’à 140). Ce comportement est peu observé en Drôme et en Ardèche. La phénologie d’occupation des gîtes hivernaux est peu connue. Seul un site de l’Ain a été suivi depuis 1972 par des comptages mensuels. Les premiers individus arrivent à partir de la mi-septembre et les effectifs augmentent régulièrement pour culminer début février avant de diminuer progressivement. Ce gîte souterrain artificiel permettant un comptage exhaustif, les variations d’effectifs constatées en hiver démontrent la mobilité de certains individus à cette période. Cette activité hivernale est aussi mise en évidence via des enregistreurs automatiques d’ultrasons fonctionnant entre octobre et mai. Les derniers individus peuvent être observés jusqu’à la mi-avril, voire au début du mois de mai. Il s’agirait de mâles et/ou de femelles non reproductrices.

Habitats exploités en phase d’activité en Rhône-Alpes

Menaces pesant sur l'espèce en Rhône-Alpes

Protection de l’espèce en Rhône-Alpes

Le grand rhinolophe est très lié aux bâtiments, qu’il fréquente assidûment en période estivale. Ainsi, tous les travaux conduisant à la disparition des espaces qu’il occupe (cave, grenier, dépendance…), ou l’empêchant d’y accéder, peuvent être très impactant pour les populations. De même, l’éclairage important des églises peut conduire l’espèce à déserter l’édifice. Ainsi, au cours de ces dernières décennies, plusieurs colonies ont abandonné leur gîte suite à des travaux réalisés en pleine période de mise-bas ou conduisant à la condamnation des accès utilisés par les chauves-souris (cas de la colonie de la Dombes par exemple).

Les cavités souterraines peuvent également faire l’objet d’une fréquentation humaine trop importante et incompatible avec la présence des chauves-souris. Le grand rhinolophe est particulièrement sensible aux dérangements engendrés par les visiteurs.

Les milieux naturels et agricoles dans lesquels le grand rhinolophe chasse préférentiellement font l’objet de dégradations croissantes. Artificialisation, remembrement, traitements chimique sont autant de facteurs conduisant à une altération progressive des ressources alimentaires exploitées par l’espèce. Les traitements antiparasitaires utilisés pour le bétail sont également néfastes pour cette espèce qui consomme des insectes coprophages.

La gestion trop sévère des ripisylves les réduit souvent à un simple cordon d’arbres bordant des rivières aux berges rectifiées. La limitation du nombre d’arbres le long des cours d’eau conduit à une perte de fonctionnalité des corridors de transit mais aussi des terrains de chasse.

Le maillage très important des infrastructures de transport morcelle les habitats et conduit également à une augmentation de la mortalité par collision. Le grand rhinolophe est une espèce qui chasse près du sol, très sensible aux ruptures de corridors et fortement sujette aux collisions avec les moyens de transport. Des études conduites en Camargue dans le cadre du programme Life « Chiromed »* par le Parc naturel régional de Camargue et le Groupe Chiroptères de Provence ont mis en évidence l’importance de cette cause de mortalité.

Grand rhinolophe à la sortie de son gîte © C.Maliverney

Lacunes identifiées et actions à engager

En l’état actuel des connaissances, la principale action à engager est la pérennisation des conditions d’accueil des gîtes des colonies majeures, notamment de reproduction. En effet, trop de colonies ont disparu ces dernières années suite à des travaux sur des bâtiments.

La signature de conventions du type « Refuges pour les chauves-souris » est une première étape pour engager les propriétaires dans une démarche de protection. De même, une réflexion sur la mise en place de mesures règlementaires de protection est à initier.

Quelques gîtes d’hibernation majeurs mériteraient une protection physique et/ou règlementaire au regard des enjeux qu’ils présentent.

Les suivis de populations sont à poursuivre pour évaluer au mieux les tendances d’évolution.

Dans plusieurs secteurs de la région, des gîtes de parturition restent à trouver. La poursuite des efforts déjà engagés pour les identifier est indispensable.